Pilote de Bretagne nord

Le Pilote Français de Beautemps-Beaupré est en ligne

Page de titre du premier Tome de 1826
Page de titre du premier Tome de 1826

L’œuvre magistrale de l’hydrographie moderne « le pilote français » est désormais accessible en ligne sur Gallica le site de BNF. Un travail formidable de relevé réalisé sur l’ensemble du littoral de la Manche et de l’Atlantique  réalisé entre 1816 et 1838 par les ingénieurs hydrographes. Edités entre 1822 et 1843 les 6 tomes du Pilote Français comprennent chacun des cartes marines générale de la zone, d’autres cartes à plus grande échelle offrent une grande précision, elles sont quelquefois complétées par des plans de détails.  En plus des cartes  au grand format on y trouve des vues des principaux dangers avec des alignements et des relevés très précis. Des tableaux sur la marée complètent ces informations.

 

Cette œuvre magistrale réalisée  par Beautemps Beaupré et ses hydrographes de la Marine est la base de la cartographie marine française moderne. Certaines cartes, remisent à jours, restaient la référence et étaient commercialisées par le SHOM  jusqu’en 1990,  comme exemple celle-ci  « plan des entrées de Perros et du Port Blanc ».

 

Les cartes du Pilote Français sont vraiment un outil pour les marins, elles sont claires, précises, les instructions sont rédigées de façon compréhensible, les sondes sont exprimées en pieds, en cette première moitié du XIXème les marins ne sont pas encore familiarisés avec le système métrique pourtant adopté depuis la Révolution. L’usage du pilote Français est l’outil du  passage de la culture orale de la mémoire des pilotes lamaneurs locaux, des maitres au cabotage et des pilotes côtiers vers une culture écrite scientifique au service de tous les navigateurs par la description graphique des côtes.

 

Détail d’une carte générale « de Ouessant à l’île de Bas », 1843 les aires de vents sont tracées centrées sur le phare de l’île de Batz, les amers remarquables apparaissent clairement
Détail d’une carte générale « de Ouessant à l’île de Bas », 1843 les aires de vents sont tracées centrées sur le phare de l’île de Batz, les amers remarquables apparaissent clairement

Le défaut pour la diffusion importante au près des navigateurs des tomes du Pilote Français était leur prix. Les tomes du Pilote français  furent rarement diffusés dans leur intégralité mais petit à petit carte par carte.  Seuls les gros navires de  la Marine Royale pouvaient se permettre d’avoir à leur bord l’intégralité de cette représentation moderne.  Une telle documentation était inaccessible pour un capitaine au cabotage.  

 

Liens sur les tomes du Pilote Français  :

Les côtes de Bretagne Nord sont couvertes par 3 tomes du Pilote Français le Tome 1 pour l’ouest jusqu’aux Roches de Porsal, le Tome 6  des Roches de Porsal aux Heaux de Bréhat et le Tome 4 pour l’Est à partir des Heaux De Bréhat

 

Bibliographie :

Pour connaitre Beautemps-Beaupré  le père de l’hydrographie moderne je ne peux que vous conseiller la lecture du livre d’Olivier Chapuis, issu de sa thèse d’histoire:

« A la mer comme au ciel: Beautemps-Beaupré & la naissance de l'hydrographie moderne, 1700-1850 : l'émergence de la précision en navigation et dans la cartographie marine »

Olivier Chapuis

Presses Paris Sorbonne, 1999 - 1060 pages

 

 

 

Exemple de relevés d’un danger, la Basse Garo dans le nord de l’Aberwrac’h
Exemple de relevés d’un danger, la Basse Garo dans le nord de l’Aberwrac’h
Instructions pour le chenal de la Malouine à l’Aberwrac’h
Instructions pour le chenal de la Malouine à l’Aberwrac’h
Tableau d’observation des marées à Roscoff en juin 1837
Tableau d’observation des marées à Roscoff en juin 1837
Télécharger
Télécharger cet article
Le Pilote Français en ligne.pdf
Document Adobe Acrobat 2.0 MB

La cloche sous-marine d'Ouessant

A l’ouest du monde, sur l’île d’Ouessant, à proximité du phare du Creac’h sur un rocher battu par la mer, les restes d’une étrange construction  (Photo Gilles Barbu)
A l’ouest du monde, sur l’île d’Ouessant, à proximité du phare du Creac’h sur un rocher battu par la mer, les restes d’une étrange construction (Photo Gilles Barbu)
De 1912 à 1919, sur ce rocher, sur une embase une espèce de grue métallique. Cette structure servait à suspendre une cloche sous-marine, mais à quoi servait elle ? (photo capitaine Octave Longuet)
De 1912 à 1919, sur ce rocher, sur une embase une espèce de grue métallique. Cette structure servait à suspendre une cloche sous-marine, mais à quoi servait elle ? (photo capitaine Octave Longuet)


A la fin du XIXème, le  commerce maritime est très développé, le nombre de navires à vapeur et à voiles naviguant en Manche  est important. La navigation côtière reste dangereuse et les naufrage dans les parages d’Ouessant  sont nombreux . En 1896 le naufrage du Drumont Castle avec ses 241 victimes  à un retentissement important dans la presse et dans le monde maritime.

 

Les marins et les scientifique cherche à améliorer les moyens de positionnement à la mer. Au large la navigation astronomique a fait des progrès. A proximité des côte c’est la navigation à l’estime qui est pratiquée. La position des navires est déterminée visuellement de jour par des amers à terre, de nuits par les signaux des phares. par temps de brume  seule la sonde, avec la mesure de la profondeur d’eau permet d’avoir une indication.    

 

vers 1900 Une solution innovante pour positionner les navires par temps de brume est proposée : les cloches sous-marine

 

Cloche sous-marine électrique
Cloche sous-marine électrique

 

Voici une description du système extrait d’un article publiée dans la revue « A travers le monde » du 4 septembre 1909

 

« Voyons en quoi consistent ces fameuses cloches et leur complément naturel, les « écouteurs » microphonique. En elle-même, la cloche sous-marine ne diffère guère d’une cloche quelconque que par ses lèvres fort épaisses et par son battant. Le renflement de celui-ci présente le plus souvent la forme d’une olive, dont un des bouts vient attaquer le rebord interne de la lèvre. la résonance est aussi réduite que possible afin de donner à courts intervalles des ondes puissantes, nettement séparées ; alors que les harmoniques sont si recherchés pour les cloches d’église, ils sont plutôt  nuisible dans le milieu liquide.

le son, très peu musical, désagréable même dans l’air, dans l’eau est clair, métallique, cristallin. si la distance est très grande, les tintements sont tout à fait comparables au bruit d’une montre à sonnerie, puis ils s’assourdissent, sonnent comme une lame de couteau, et aux distance extrêmes, enfin, il semble que l’on entende la chute régulière d’une goutte d’eau tombant d’un toit en zinc.

 

Un mécanisme simple commande le battant de cloche ; il se compose généralement soit d’une chainette, soit d’une tige mue par le piston d’un cylindre à vapeur ou à air comprimé, à cylindre à simple effet, dans les deux cas. L’air comprimé se recommande par la facilité avec laquelle on le transporte et on l’emmagasine, il ne donne pas lieu à condensation et produit un déclenchement, un coup instantané, plus sec, partant plus net. Un régulateur, mouvement d’horlogerie élémentaire, commande l’admission de la vapeur ou de l’air  suivant la cadence et le rythme adoptés, de manière à caractériser la cloche par la succession de ses coups groupés ou non, espacés par des pauses plus ou moins prolongées tout comme les éclats ou les occultations d’un feu. la puissance dynamique à fournir est si faible qu’elle peut être produite par un générateur des plus modestes alimentant le moteur de la cloche , à raison de 2 à 5 litres d’airs par battement pour le modèle fonctionnant à l’air comprimé. signalons enfin qu’il a paru commode d’actionner à distance certaines cloches par un dispositif électrique empruntant son énergie à une station déjà existante, un phare par exemple. [ c’est le cas de la cloche sous-marine d’Ouessant alimenté par le phare du Creach] Ces cloches étaient alors suspendues à un trépied reposant sur le fond de la mer.

 

Ecouteur double avec commutateur babord et tribord
Ecouteur double avec commutateur babord et tribord

 

Le corollaire sinon indispensable du moins fondamental de l’appareil émetteur d’ondes phoniques sous-marines, représenté par la cloche, est un système récepteur non moins simple. Symétriquement par rapport à l’axe du navire, on place à bord deux jeux de microphones, baignant de chaque côté dans un réservoir entièrement rempli de liquide, hermétiquement clos, serré à force contre la face interne de la muraille du bateau, avec interposition d’une garniture élastique. les vibrations du dehors traversent la muraille et se propagent dans le réservoir jusqu’aux microphones. interceptés par la garniture les bruits parasites issus de l’intérieur du bateau, trouvent dans le bordé  une meilleure conductibilité que dans le milieu liquide plus léger. les deux réservoirs présente l’apparence d’un seau en fer dont le fond serait légèrement bombé. L’ouverture est appliqué entre deux couples.

 

Récepteur fixé à l’intérieur de la coque (source NOAA)
Récepteur fixé à l’intérieur de la coque (source NOAA)

 

Les récepteurs sont placé de manière à s’affranchir aussi complétement que possible des bruits extérieurs de coque tels que le choc des lames contre la coque et les pulsations des hélices. ils seront donc à bonne distance de l’étrave et de l’arrière. la position en profondeur est choisi suffisante pour assurer une immersion peu variable dans les mouvements de roulis et de tangage ; toutefois il importe que l’axe du réservoir demeure sensiblement rapproché de  l’horizontale, autrement dit l’orifice du récepteur doit être appliqué contre une région de la muraille voisine de la verticale pour se présenter le plus normalement possible au mouvement du son. afin de mieux transmettre les vibrations hautes produites par les cloches, le poids spécifique du liquide du réservoir est assez élevé. Les deux microphones librement suspendus dans chaque bain permettent de contrôler les indications reçues, ce qui se fera en passant simplement de l’un à l’autre. ils sont montés avec un soin tout spécial sur une garniture en bronze de la dimension d’un petit réveil matin.

 


Les circuits électriques aboutissent à un téléphone ou « écouteur » de passerelle, lequel est accroché dans l’abri de navigation, la chambre des cartes ou quelque endroit isolé, autant que faire se peut, des bruits de toutes sortes, bien qu’en restant à proximité immédiate de la passerelle. une petite manette adaptée à l’écouteur permet de coupler le téléphone sur le circuit du récepteur tribord ou du récepteur bâbord. celui qui reçoit le plus directement les ondes sonores, c'est-à-dire celui qui est placé du côté de la cloche sous-marine, donne seul des tintements ou les tintements les meilleurs. su dès lors on amène progressivement l’avant du navire du bord où le son parait le plus intense pour équilibrer les tintements, une oreille tant soit peu exercée appréciera les différences d’un bord à l’autre avec une telle précision qu’il sera possible de déterminer à quelques degrés près le gisement de la cloche. toute navigation en brume tient désormais dans cette propriété capitale que le marin est à même de repérer la direction d’un point ou de plusieurs points fixes, bien caractérisés si chaque cloche possède son rythme propre. d’où possibilité de connaitre à n’importe quel moment sa position aussi bien qu’en plein jour, mieux encore puisque les conditions d’audition demeurent invariables dans un milieu sensiblement invariable alors que les conditions de visibilité sont capricieuses dans le milieu atmosphérique rendu infiniment capricieux au gré des circonstances d’éclairage ou des circonstances météorologiques.

 

Il est essentiel de remarquer que ceci n’est pas seulement théorique, mais encore un fait acquis, le résultat de centaines d’expériences courantes et l’opinion des capitaines de grands paquebots. un bâtiment en marche, muni de récepteurs, a la certitude  d’entendre une cloche sous-marine du type actuellement en service à une distance d’environ 5 milles, distance très convenable dans les conditions actuelles de la navigation. […]

 

Les bâtiments non pourvus de récepteurs spéciaux entendent néanmoins les cloches sous-marines, à condition que l’observateur se place dans la cale, l’oreille proche de la muraille, sans toutefois la toucher, pour éviter l’étouffement des tintements sous les bruits de la coque. il va sans dire que dans ces conditions et malgré quelques exemples du contraire, la distance limite de perception est réduite, il n’est plus possible de repérer avec précision le gisement de la source phonique. les grande compagnie de navigation dont les lignes traversent l’atlantique nord ont, les premières, pourvu leurs bâtiments d’ « écouteurs » il était naturel de voir les marines de guerre s’engager ensuite dans cette voie, Le cabotage ne tardera pas à suivre ; logiquement il y est plus intéressé encore que le long-cours. au pont de vue militaire ou au pont de vue commercial, on devine l’avantage qu’assure la certitude d’entrer au port, surtout si la marée vient limiter les heures d’accès possible. »

 

Le projet complet qui ne vit jamais le jour comprenait pas moins de 5 cloches sous-marines dont une dans l’ouest du phare d’Ar Men et une autre sur un bateau feu mouillé à mi-distance de de l’île de sein à l’île d’Ouessant
Le projet complet qui ne vit jamais le jour comprenait pas moins de 5 cloches sous-marines dont une dans l’ouest du phare d’Ar Men et une autre sur un bateau feu mouillé à mi-distance de de l’île de sein à l’île d’Ouessant

 

Commentaires

 

les cloches sous-marines ont été expérimenté avec succès sur la côte est des Etats-Unis,  là où le trafic transatlantique est important et ou les brumes sont fréquentes rendant difficiles l’approche des côtes. En    1915, 200 cloches sous-marines ont été installées sur les côtes américaines et anglaise et 1200 navires sont équipés d’appareils de réceptions, en France les essais sont plus timide le bateau feux de Sandétié est équipé en 1909 ainsi qu’une bouée d’atterrage du Havre  celle de Ouessant est installé en 1912 et supprimée en 1919. je ne pense pas que l’ensemble des cloches sous-marines prévue pour « baliser » l’Iroise ai été mis en place. ce système de positionnement sera détrôné dans les années 20 par le positionnement radio par les radiophares.

   

Bras métallique de la cloche d’Ouessant
Bras métallique de la cloche d’Ouessant
Soubassement en béton, Le bras métallique permettait à la cloche d’être immergée quelle que soit la hauteur d’eau, les jours de tempête ou de forte houle le bruit des vagues sur les rochers devait couvrir le son de la cloche (Photo Michel Thevenet)
Soubassement en béton, Le bras métallique permettait à la cloche d’être immergée quelle que soit la hauteur d’eau, les jours de tempête ou de forte houle le bruit des vagues sur les rochers devait couvrir le son de la cloche (Photo Michel Thevenet)
Télécharger
Télécharger cet article
cloches sous-marine.pdf
Document Adobe Acrobat 1.1 MB

1763, démancher avec une frégate

Carte de la manche en 1778, réalisée pour le Roi , par vent de secteur ouest ce n’était pas simple de « démancher » en partant de Saint-Malo
Carte de la manche en 1778, réalisée pour le Roi , par vent de secteur ouest ce n’était pas simple de « démancher » en partant de Saint-Malo

 

Le 25 aout 1763 la frégate Aigle  et la Corvette Sphinx sont baptisés à Saint Servan Ces  navires ont été construit pour Monsieur de Bougainville pour une expédition aux îles Malouines

 

Le bénédictin Dom Pernety est l’aumônier du voyage, et rédige le journal de l’expédition qu’il publiera  en deux tomes au retour en 1764, nous allons suivre son départ de Saint-Malo  

 

 « Nous fîmes porter à bord nos malles, nos lits, et les autres choses nécessaires pour le voyage ; et le 29 nous couchâmes à bord. On continua d’embarquer toutes les provisions jusqu’au premier de septembre. Dès les cinq heure du matin, le vent de Nord-Ouest s’étant élevé assez bon frais, nous avons quitté Solidor sur la frégate l’Aigle de 100 hommes d’équipage ; montée de 20 canons, percée pour 24, commandée par le Sr Duclot-Guyot, de St Malo, Capitaine de Brûlot, accompagnée de la Corvette Le Sphinx, de 40 hommes d’équipage, montée de 8 canons et six pierriers, commandée par le Sr Chênart de la Gyraudais, de St-Malo, lieutenant de frégate, l’une et l’autre sous les ordres de Mr de Bougainville, Chevalier de St Louis, Colonel d’Infanterie et capitaine de vaisseau : nous avons mis en rade de Rance  ou de St-Malo sur les 10 heures du matin.

 

Nous n’attendions qu’un vent favorable pour appareiller le lendemain deux septembre, lorsque trois ou quatre personnes de St-Malo formèrent des difficultés à l’Amirauté sur notre départ[ monsieur de Bougainville est obligé d’échanger des courriers avec le ministère ce qui retarde le départ d’une semaine]

 

Sur le soir du 8, […] le vent s’étant montré du Sud-Sud-ouest, les ordres  furent donnés pour désaffourcher ; ce que nous fîmes à une heure après minuit ; et l’on appareilla sur les 6 heures ½ du matin, les vents continuant bon frais.

 

Nous avons fait route le 9, et après la passe du décollé, le vent ayant tourné au Sud6Ouest, et de plus en plus Ouest, à mesure que nous nous approchions du Cap Fréhel, nous avons mouillé sur le midi. ( ce cap est à 5 lieues de St-Malo. Le fond est de sable vaseux et Herbier. Au S.E. la tour des Hébiens, la pointe de St Cast au S.O et le château de la Latte au N.O ) La corvette le Sphinx a fait la même manœuvre que nous et a mouillé à N.E. environ deux cablures. Nos deux frégate se trouèrent alors dans le même mouillage ou se placèrent les Anglois dans l’affaire de St Cast, où ils furent si maltraités, dans la descente qu’ils y firent. Ce mouillage n’est point du tout assuré et beaucoup de navires y ont péri.

 

Les vents d’O.S.O. et O.N.O ont régné le dix et le onze avec beaucoup de violence : il a tombé de la pluie et de la grêle ; ce qui nous a obligé d’amener nos basses vergues, mâts de hune et de rafraichir de temps en temps nos amarres. On a même été contraint de filer trente brasses du câble de stribord [sic].

 

Vaisseau affourché, mouillé sur ses deux ancres par un coup de vent une troisième ancre est au bossoir parée à être mouillée les basses vergues sont affalées les mâts de hunes sont calés bas , les vergues de cacatois et de perroquets sont sur le pont
Vaisseau affourché, mouillé sur ses deux ancres par un coup de vent une troisième ancre est au bossoir parée à être mouillée les basses vergues sont affalées les mâts de hunes sont calés bas , les vergues de cacatois et de perroquets sont sur le pont



Le 12, les vents ont régné de Ouest Nord Ouest au Nord, toujours grand frais, avec force grains, la mer très grosse. A minuit le vent un peu tombé, mais la mer a continuée d’être grosse. Sur les six heures du soir nous avons vu un navire sous quatre voiles majeures, faisant route pour St-Malo.

 

Le vent a changé le 13 du N.N.O. au N.E bon frais, la mer toujours grosse, avec de la pluie et quelques grains. La mer  a commencé à tomber sur les onze heure du matin ; à 5 heures du soir, elle est devenue belle, le vent étant au N. petit frais. On a guindé les mâts de hune et basses vergues. Le Navire que nous avions vu la veille allant à St –Malo a repassé sur les huit heures, pour la manche, destiné dit-on pour Bordeaux. Peltier, pilote côtier de St-Malo, nous a apporté 17 barriques d’eau et des légumes. […]

 

Le 14 le vent ayant régné du N. au N.O et par intervalles N.N.O. Il fait beau temps jusqu’à 4 heures du matin ; alors le temps s’est engraissé par une espèce de brouillard, et il a plu jusqu’à 8 heures, que le vent s’est élevé bon frais ; ce qui nous a obligé d’amener nos basses vergues, et mât de hune. Vers midi  le temps a calmé, la mer est tombé et l’après midi a été belle […]

 

Dans la soirée le vent a passé au N et N.N.E A deux heures après minuit le vent étant au N.E. nous avons viré sur notre ancre d’affourche de babord : elle était à bord à 5 heures ; Nous avons ensuite guindé nos basses vergues et nos mâts de hune, embarqué notre canot, viré sur notre seconde ancre et appareillé sur les neuf heures. Le vent était nord petit frais. Au signal d’appareillage le Sphinx a appareillé, demi-heure après nous et nous avons louvoyé pour nous élever de dessus la côte. A midi nous étions N et S de St Jacut, , environ à une lieue et demie.


Frégate au près gravure de Pierre Ozanne
Frégate au près gravure de Pierre Ozanne
Frégate en cours de virement l’équipage est en train de brasser le phare de misaine  gravure de Pierre Ozanne
Frégate en cours de virement l’équipage est en train de brasser le phare de misaine gravure de Pierre Ozanne

 

Depuis hier midi, les vents ayant  varié, nous avons été obligé de tenir la route du nord Ouest jusqu’à cinq heures du matin, et à midi nous avons relevé le Cap Fréhel au S.SE 4° le Cap d’Arquis [Erquy] autrement de l’abbaye de St Brieuc au S.O et S.O ¼ S.

 

Le lendemain  16, nous avons été obligés de faire beaucoup de bords, parce que le vent étoit toujours variable, petit frais et la mer calme par fois. Sur les 8 heures du soir, nous avions le Cap Fréhel au S ¼ S.E environ deux lieues. Nous avons continuité de louvoyer toute la nuit et le matin jusqu’à midi ; pour prendre les marée plus avantageuse ; mais presque rien gagner.

 

A six heure du soir le 17, nous nous sommes approchés de Jersey ; mais ne pouvant doubler cette ile, nous avons viré à courir sur l’O ¼ S.O. le plus gros rocher des Minquier au S.E.

 

A minuit, la mer nous prenant en travers, et craignant les rochers nommés le Liégeons  [ grand et petit Lejon], nous avons viré bâbord amure jusqu’à deux heures que nous avons repris les amures à stribord  . alors nous avons eu connaissance du feu du fanal de Fréhel, distant d’environ 4 lieues.

 

Nous avons continué la même bordée le 18, jusqu’à six heures du matin. Mais voyant toujours les vents contraires et ne faisant que louvoyer au milieu des rochers dont toute cette côte est hérissée on a pris le parti de relâcher. Nous avons donc arrivé ; le Sphinx en a fait de même, et à midi nous étions E. et O.  du fanal de Fréhel à un tiers de lieue ou  environ. Le calme est venu ensuite, en doublant le château de la latte, la mer nous a fait dériver, et nous avons eu bien de la peine à le regagner. Cependant nous avons mouillé à deux heures après midi.

 

Comme la mer était fort tranquille, et le vent assez doux, dès les 9 heures du matin, Mr Bougainville, Mr de Belcourt, L’huilier, Donat de la Gyraudais Cap. Du Sphinx et moi , noua avions été à l’île Agôt, où nous comptions tuer quelques lapins […]

 

Le 19, à quatre heures du matin, le temps parut bon pour appareiller par un vent O.S.O. et nous levâmes l’ancre à neuf heures, mais le vent repassa S.O. et le calme succéda. Il fallut laisser retomber l’ancre sous barre. Deux navires passèrent sur les dix heures, faisant route pour le Ras.

 

A une heure après midi, le lendemain, nous avions embarqué nos canots, le vent au S.S.0 bon frais, et le temps à grains. Nous étions sous voiles à trois heures. Après avoir doublé la pointe du Château de la latte, nous trouvâmes le vent au N.O. et les deux navires, qui avaient passé le matin, venaient relâcher. Nous y sommes retourné aussi ; et sur les 5 heures nous avons mouillé et affourché à la voile ; le Sphinx en a fait de même . de ces deux navires, l’un était destiné pour Brest et l’autre pour Cayenne. Le capitaine de celui-ci vint nous rendre visite, et comme il avait mouillé sous une seule ancre, et un peu trop près de terre, notre capitaine lui fit remarquer qu’il courait de grand risques, s’il venait quelque grain violent. Étant retourné à son bord il profita de cet avis, et affourcha, après s’être un peu éloigné de terre. A neuf heure du soir, il vint un grain violent qui lui fit sentir la nécessité de cet avis. […]

Corvette gréée en brick gravure de Pierre Ozanne
Corvette gréée en brick gravure de Pierre Ozanne

 

23 septembre, dès le matin, les vents, qui la veille avait passé du N.N.O au N.E. tournèrent à E.N.E petit frais. Ayant paru bons et constant . Mr Duclos notre capitaine fit mettre le pavillon en berne pour rappeler notre chaloupe et notre canot qui étaient à terre pour faire de l’eau, le canot pour amener les matelots et les femmes qui lavaient le linge.

Mr de Bougainviille, Mr de belcourt, Mr l’Huillier et Mr Donat, avaient été à la chasse, près de deux lieues avancés dans les terres et comptaient venir diner au château de la Latte, ou Mr Mauclair et moi, les attendîmes jusqu’à deux heures ½. Mr Duclos voyant que personne ne se rendait à bord, fit tirer un coup de canon, ce qui accéléra le retour de nos chasseur […]

 

A trois heure in fit signal au sphinx de désaffourcher. A six, nos canots embarqués, nous appareillâmes du Cap Fréhel et après avoir fait plusieurs bords pour doubler le château de la latte, à neuf heures du soir nous étions Nord et Sud de la pointe du cap Fait route sur le N.O1/4 O. à 10h le cap Fréhel nous était au S.E ¼ S distant de 3 lieues environs le Liegeon à O ¼ SO alors gouverné au N.O. à 4h Bréhat était au N.O1/4 N distant d1 lieue ½ gouverné au N1/4 N.E à 8h du matin la pointe de Bréhat au nord était au S et Rufy [Rousic]  à 0 ¼ SO le tout du compas. A midi relevé Rufy au S ¼ S.0 du compas et les Tréagos [Triagos] à O.S.O d’où le point de départ Latitude de Rufy 48°53’ Latitude du point de relèvement à midi 48°57’ longtude de Rufy au méridien de Paris 5°48’ longitude du point de relèvement 5°47’

 

Carte de Belin de Cancale au Cap Fréhel en 1763 les cartes marine sont peux précises
Carte de Belin de Cancale au Cap Fréhel en 1763 les cartes marine sont peux précises



Commentaires

Prêt  à partir de Saint-Malo depuis de 29 aout 1763, quittant effectivement la rade de Saint-Malo le 9 septembre les deux navires sortent de la Manche seulement le 24 septembre soit 15 jours plus tard ! Le 26 les deux navire sont dans le golfe de Gasconne à la latitude de Bordeaux  Dans des conditions favorable comme un bon frais de N.E. aurait pris un jour

 

A plusieurs reprises la frégate et la corvette mouillent  dans la baie de la Fresnaye pour attendre les vents favorables. Elles essuient plusieurs coups de vent au mouillage sur deux ancres affourchées. Pour réduire le fardage    les bases vergues et les mâts de hune sont descendues.

 

Le vocabulaire maritime utilisé est  ancien : on y trouve Stribord , coté droit d’un vaisseau ou engraissé : temps engraissé ou chargé de vapeurs et des nuages , ou encore cablure à la place d’encablure  l’auteur donne un lexique à la fin du second tome.

 

 

Corvette, la distinction entre corvette et frégate n’est pas toujours très claire à la fin du XVIIIème gravure de Pierre Ozanne
Corvette, la distinction entre corvette et frégate n’est pas toujours très claire à la fin du XVIIIème gravure de Pierre Ozanne
Télécharger
Télécharger cet article
Démancher avec une frégate et une corvet
Document Adobe Acrobat 1.4 MB

Les « isles » de Bretagne Nord en 1732

Rêve d’îles une grande fresque par Yvon le Corre, un tour de Bretagne des îles avec leur nom en breton
Rêve d’îles une grande fresque par Yvon le Corre, un tour de Bretagne des îles avec leur nom en breton

Dans le « Grand dictionnaire géographique et critique » écrit par M. Bruzen la Martinière géographe de sa majesté catholique Philippe V Roi d’Espagne et des Indes, publié en français en hollande en 1732. pas moins de 44 pages de définitions sont consacrés aux « isles » du monde entier. On y trouve 71 iles de Bretagne Nord, certaines d’entre elles sont de bien modestes cailloux. Elles apparaissent dans ce dictionnaire dans l’ordre alphabétique. Nous allons les découvrir avec leur orthographe et définition d’époque dans un ordre géographique en parcourant les côtes d’ouest en est, j’ai supprimé des définitions le début redondant pour toutes les iles : « isle de France, sur la côte de Bretagne ... »

 

Carte du Neptune François de Belin édition de 1764
Carte du Neptune François de Belin édition de 1764

Isle d’Ouessant : en latin Uxantus, isle de France, de l’Océan, sur la côte de Bretagne à l’opposite du Conquet, elle a huit milles de tour et renferme quelques hameaux avec un château pour la défendre contre les corsaires, elle est entourée de quelques autres isles moins grande qui à cause d’elle sont nommées les isles d’Ouessant.

 

Isle d’Enefuein ou Enescron : sur la côte au sud-est de l’isle d’Ouessant dont elle est une annexe

 

Isle de Lan : au levant de isle d’Ouessant dont elle est une annexe

 

Isle de Banec : entre l’isle d’Ouessant et l’île de Balanec.

 

Isle de Balanec ou Blaneck : entre Ouessant et celle de Molène, vers l’orient méridional.

 

Isle de Molène : Entre le Conquet et les Isles d’Ouessant. Elle est habitée, et accompagné surtout à l’Est et au Sud-est d’un grand banc qui s’étend jusqu’à l’Isle de Trielen

 

Isle de Trielen : entre isle Molène et l’isle de Beniguet, au couchant de l’isle Quemenes

 

Isle de Litiri : à l’orient de isle de Quemenes

 

Isle de Quemenes : entre l’Isle de Molène et celle de Beniguet ; au levant de l’isle de Trielen et au couchant de l’isle de Litiri

 

Isle de Morgol : petite isle accompagnée de quelques écueils entre les isles de Quemenes, Litiri et de Beniguet

 

Isle de Beniguet : au couchant du port le Conquet

 

Isle de Segle : sur la côte, au midi de l’entrée du havre d’aberiduc, à l’Orient du village de St. Sébastien, et au couchant des Isles d’Ouessant [??]

 

Isle de Trevors : à l’occident de l’isle de Garo et au sud-est des roches de Porsal près du port du même nom

 

Isle de Garo : à l’entrée de Porsal au levant de l’Isle de Trevors et au midi de celle de Jariec

 

Isle de Jariec : [cité mais non défini]

 

Isle Higuignet : Entre les roches de Porsal et le havre d’Abbrevrak

 

Isle de Gaspis : dans l’anse de Tremeneac

 

Isle Madon : au nord de isle Melon, au nord-nord-ouest d’Aberilduc

 

Isle de Guiet : au nord de l’isle de St. Laurent près du continent

 

Isle de Breu : à l’entrée du havre Abbrevrak, sur la gauche en entrant, dans l’évêché de st. Paul

 

Isle de Bervil : au nord-est de l’entrée du havre d’Abrevrach, ou d’Aberache

 

Isle de Cro : à l’entrée du havre d’Abbrevrack

 

Carte du Neptune François de Belin édition de 1764
Carte du Neptune François de Belin édition de 1764

Isle de Bas : petite isle de France, sur la côte de Bretagne. Elle est vis-à-vis la ville de Saint Pol de léon. Sa longueur, qui est sud-sud-est, nord-nor-ouest, est d’environ une lieue commune. La pointe de terre ferme, dont elle est séparée par un canal d’une bonne demi lieue, s’appelle Rosgof. Il Y avait autrefois dans l’isle de Bas une ville et un monastère célèbre. L’un et l’autre ne subsiste plus depuis longtemps ; il y a néanmoins un port où peuvent se retirer d’assez gros bâtiment.

 

Isle de Gudeguejot : au nord de St. Pol de léon, près du continent au midi de l’isle de bas, au près de l’Isle Ledanet

 

Isle de Ledanet : au nord de St. Paul de Léon au midi de l’isle de bas et au couchant de Roscou

 

Isle Enesver : à l’orient de l’isle de Bas

 

Isle Tutovera : dans la rivière de St. Paul de Léon au sud-est de la pointe de Pempoul

 

Isle de calot : à l’orient de l’embouchure de la rivière de St Paul de léon. Elle est presque toute en longueur et borde le lit de la rivière

 

Isle de Milhau, Milliau ou Milio : près du continent au Nord du port de Lannion

 

Isle de Rabenec : au voisinage de Lannion et au midi de l’île de Gato

 

Isle Brulée : sur la côte au nord de l’isle Molene

 

Isle de Gato ou de Gats : au nord-nord-est de l’isle Molene, à l’orient de l’isle Brullée et au couchant de Isle Grande

 

Isle de Morvil : entre l’isle du grand St. Sauveur et la terre ferme

 

Isle Grande, l’isle de St. Sauveur ou l’isle du grand St. Sauveur : dans un enfoncement où sont plusieurs autres isles, savoir isle blanche, isle de Morvil, isle de Rabenec, isle brûlée et autres qui entourent celle-ci qui est la plus grande et sur laquelle il y a le château de Lan

 

Isle de Julguedec : petit ecueil de France sur la côte de Bretagne, assez pres du continent, au midi occidental des Sept Isles

 

Carte du Neptune François de Belin édition de 1764
Carte du Neptune François de Belin édition de 1764

Sept-Isles : Isles de France en Bretagne sur la côte de l’évêché de Treguier, elle sont entourées de rochers er d’écueils très dangereux. L’isle de Riouzic est la plus septentrionale et la plus orientale de toutes, celle de Melhan au couchant méridional est à distance a peu près égale entre elle et l’isle Bonne. Assez près et au couchant de cette dernière est l’isle du Moine, au nord-ouest de laquelle est l’isle plate. L’isle du cerf est la plus occidentale et la plus méridionale de toutes. Le Neptune François ne marque ni le nom ni la position de la septième

 

Isle de Tavec ou Tavée : sur la côte de Bretagne, à l’entrée du port de Penoue [Perros] selon les côtes de France par tassin et la Bretagne de Mess. Sanson le Neptune François n’en parle point [identifié comme étant l’île Tomé]

 

Isle de Tomé : au couchant et à une petite lieue et demie de St Gueltas

 

Isle St. Gueltas : [cité mais pas défini dans ce dictionnaire]

 

Isle d’Er ou d’Erc : à l’embouchure de la rivière de Tréguier sur la droite en entrant

 

Isle de Laven : à l’entrée de la Rivière de Tréguier au sud ouest de l’Isle d’Erc

 

Isle Eneskelee ou Enesquelec : à l’entrée de la rivière de Tréguier, au midi de l’isle d’Er qui est de l’autre bord de cette rivière.

 

Carte du Neptune François de Belin édition de 1764
Carte du Neptune François de Belin édition de 1764

Isle de Tolber : dans l’évéché de St Brieu à l’extrémité du sillon, et au nord-ouest de St. Mandé

 

Isle de Doran : au nord de St. Mandé et à l’Orient de la pointe du sillon

 

Isle de St. Mandé : au couchant des isles de Bréat

 

Isle de Tuselet : au sud ouest de l’isle de St Mandé

 

Isle au Bois : à l’occident des isles de Bréhat et de la rivière le Trieu

 

Isle verte : au levant [ ??] de la grande isle de Bréhat au midi de St. Mandé

 

Isles de Bréhat : Quelques-uns écrivent Brehac, c’est une grande isle accompagnée de plusieurs petites, à l’embouchure de la rivière de Trieu, à l’extrémité occidentale de l’évêché de St. Brieu

 

Isle de Radenes : l’une des Isles de Bréat entre le Béniguet et l’île de Guillango

 

Isle de Guillango : entre celles de Bréhat, c’est l’une des plus méridionales

 

Isle de lauret : à l’orient de l’isle de Bréhat

 

Isle Souris : au levant de la grande isle de Bréat

 

Isle Jaune : ecueil entre les isles de Breat sur la côte de Bretagne

 

Isle de St. Riou : près de Plempol, au midi des isles de Bréat

 

Isle Blanche : au nord de l’abbaye de Bonport

 

Isle de Hospic : En bretagne près de la côte au midi oriental des isles de Bréhat et auprès de isle de Quemenes

 

Isles St Quay : près d’un village de même nom dans le golfe de St. Brieu, la principale se nomme l’isle Arbouze

 

Isle d’Hebihens : à l’embouchure de la rivière de Plancöet au couchant du port de st. Malo

 

Plan du Port et havre de st. Malo en 1700
Plan du Port et havre de st. Malo en 1700

Isle d’Agot : sur la côte de St. Malo, au couchant de la rade de ce port

 

Isle d’Arbouze : à l’occident du port de St. Malo, à coté du lit de l’embouchure de la rivière qui arrose cette ville

 

Isle de Cesambre : à l’embouchure de la rivière de St. Malo

 

Isle Binar : au levant d’été de St. Malo à l’embouchure de la petite rivière de St Coulon

 

Isle Herpin : au nord-nord-est de l’isle des Landes qui est à l’extrémité du Grouin de Cancale

 

Isle de landes : près du Grouin de Cancale entre l’Isle Herpin et la terre ferme

 

Isle du Chatelier, ou Catelier : à l’orient de la ville de Cancale

 

Commentaires :

De nombreuses îles de Bretagne Nord sont absentes de ses définitions. Les iles portant un nom dans la toponymie locale sont quelquefois toutes petites.

 

Une identification exhaustive avec leur nom actuel reste à faire, certaine de ces iles portent encore les noms que l’on trouve dans ce dictionnaire, à l’orthographe près, d’autre semble avoir changé de nom comme celle dans le chenal de l’île de Batz portant le nom de « Isle de Gudeguejot » elle s’appelle actuellement Enez Jakopin elle est à l’ouest de la pointe de Perahidi et porte un fort construit au XIXème siècle

 

Source :

« Grand dictionnaire géographique et critique » écrit par M. Bruzen la Martinière 1732

 

Île à plein temps, île à temps partiel : celle-ci est une île uniquement à pleine mer de vives-eaux , l’isle de Gudeguejot, Enez Jakopin ou l’île du fort de Perahidi à Roscoff
Île à plein temps, île à temps partiel : celle-ci est une île uniquement à pleine mer de vives-eaux , l’isle de Gudeguejot, Enez Jakopin ou l’île du fort de Perahidi à Roscoff
Télécharger
Télécharger cet article
Isles de Bretagne Nord .pdf
Document Adobe Acrobat 1.6 MB

Port-Blanc, Port-Noir ou une magnifique carte manuscrite de la fin du XVIIIème

Cette carte manuscrite du dépôt des cartes et plans de la Marine  est certainement la première carte marine précise de Tréguier à Port Blanc
Cette carte manuscrite du dépôt des cartes et plans de la Marine est certainement la première carte marine précise de Tréguier à Port Blanc

L’hydrographie moderne a eu quelques prémisses avant les travaux du génial Beautemps-Beaupré. En 1771, le dépôts des cartes et plan de la Marine lance le projet d’un nouveau Neptune français, les cartes de références des côtes de France de cette époque réalisées par Bellin présentent de nombreuses erreurs et approximations et sont estimées comme obsolètes.

Ce projet est ambitieux, de décrire les côtes occidentale de France en 32 cartes à la même échelle et se chevauchant pour que les navigateurs aient la même précisions partout.

 

En 1776 cette mission est confié au lieutenant de vaisseau Louis-Bon-Jean de la Couldre de la Bretonnière, avec les ingénieurs hydrographes Pierre-François Méchain et ses collègues Lartigue et Grancourt. Ils ont à leur disposition un lougre et une corvette et de nombreuses embarcations. Ils commencent par les côtes nord de la France. En 1778, l’implication de la marine dans la guerre contre les anglais pour l’indépendance des États-Unis signe l’arrêt de cette mission. C’est seulement en 1786 que Charles Pierre Claret de Fleurieu relance cet ambitieux projet. C’est certainement vers cette époque que sont levée les côtes de Bretagne.

 

Il existe à la BNF, dépositaire d’une partie du fond historique du Service Hydrographique de la Marine 3 cartes du secteur de Port-Blanc. Ces cartes sont des épures sur calque, ce sont des documents de travail des hydrographe du « dépôt des cartes et plans de la Marine » à Paris.

 

Une en particulier est la synthèse des précédentes elle s’intitule simplement « Tréguier Port-Blanc » est n’est pas datée précisément l’ensemble de la collection est daté 1771-1785 [Division 3 du portefeuille 43 du Service hydrographique de la marine consacrée à la carte topographique des côtes de France offrant celles de la Bretagne depuis le Mont Saint-Michel jusqu'à l'isle de Noirmoutier]. Cette carte est au 1 : 14 000 et mesure 112 cm x 83 cm

 

Cette carte n’a jamais été gravé sur cuivre, pour être reproduite et diffusée aux navigateurs.

 

Dans ce que l’on nomme Port Blanc aujourd’hui on distinguait jadis trois ports, dans le nord de la chapelle Notre Dame : Le port Blanc, l’ensemble de la partie Est : Le havre de Pélinec , et dans l’Est de l’île St Gildas : Le Port-Noir
Dans ce que l’on nomme Port Blanc aujourd’hui on distinguait jadis trois ports, dans le nord de la chapelle Notre Dame : Le port Blanc, l’ensemble de la partie Est : Le havre de Pélinec , et dans l’Est de l’île St Gildas : Le Port-Noir

Cette magnifique carte couvre port-blanc, la côte de Plougrescant et la rivière de Tréguier, nous allons la regarder en détail pour le secteur de Port-Blanc. Les contours des côtes des iles, ilots er rocher sont précis et ont été levés avec une remarquable attention. Aucun sondage de profondeur n’est sur la carte, les indications de la hauteur de certain rocher sont données, par rapport au basse mer de grande marée ou de marée ordinaire et en fonction d’un temps de montée : « couvre à 2 heures de flot », la position de la laisse de basse mer de grande marée est très approximative.

La toponymie est assez riche, mais nombre de noms de rocher en breton ont été traduit en français

 

Partie Ouest de Port Blanc :

Comparons avec la toponymie de la carte du XIXème siècle levée en 1837 sous les ordres de Beautemps Beaupré, l’île Bruc est nommée l’île Brune, Roch Tual nommé Roche Tual, Roch Dieou sont nommés les Dettes et les Flaqueresses, la Roche Flaque.

 

Le tracé du four n’est pas très précis, la « roche du remou » est peut être la basse Morchass (3.9m) ou la basse est du four (0.6m)

 

Port-Blanc, Port-Noir :

Bien évidement vers 1785, aucune cale ni balise n’existe à Port-Blanc, aucune maison sur les îles à l’exception de la chapelle de l’île Saint-Gildas, le mur de l’étang de l’île n’existe pas

 

le chenal du trou du Flot dans l’Ouest de l’île du château est bien indiqué, les grosses roches dans le nord de l’île du château neuf sont nommées alors qu’elles ne porte plus de nom sur la carte de 1843 : la grande Roche, la roche de l’oiseau et la roche du chapeau. Sur l’île du château neuf la marque rouge est la pyramide servant d’amer, ce qui était rare en cette fin du XVIIIème Dans l’Est de l’île des femmes la roche de cachou porte plus tard le nom de roch avel et la roche à la pointe S.E. s’appelle Roche du balin . Le rocher du voleur n’a pas changer de nom, sur la pointe à l’ouest du rocher, le corps de garde de Port-Blanc. On peux constater qu’à cette époque le corps de garde de l’île du château neuf n’est plus dessiné. Dans l’Est du Voleur, le port des bouchers qui fut appelé plus tard port des bateaux (Thomassin 1876) et devant cette anse dans le chenal la pierre des Margerats qui « ne découvre qu’en grande mer et couvre à 1h du flot »

 

Faisons le tour le d’île saint-Gildas depuis le sud ouest en passant par le nord

Au sud ouest de Saint Gildas, le petit îlot Roche Rolouette, actuellement Roc’h Louet, puis Roche rousse « couvre qu’en grande mer », soit Roc’h Ruz avec maintenant sa balise rouge,

La roche du paresseux, n’est pas bien positionnée, il apparait un nom que l’on ne voit pas sur les autres cartes la roche des pointes à l’extrémité ouest de Saint-Gildas.

Plus au nord la roche Malvant, notée maintenant Roche Malouisan, ce qui signifierai la roche des malouins . A l’extrémité nord-ouest, la roche blanche, Men Gwen. La roche du large semble être la pointe Gourhan. On retrouve bien les roches Rubin, Rec’hier Rubin, la roche de Brutuguenne, notée sur la carte actuelle Butughen, qui en breton ar Brutuguennou veut dire les tas d’ordures. La roche du Cerf et la mauvaise pierre sont directement traduit du Breton Roc’h Haro et Men Fall, la mauvaise pierre porte bien son nom le long du chenal Est de Saint-Gildas et cotant 4.20m « couvre à deux heures de flot »

 

A l’ouest de l’île aux levrettes, le trou du port noir, porte bien son nom car en venant du large il peut être confondu avec le Port-Noir.

 

Port-Noir par temps gris
Port-Noir par temps gris

Nous arrivons au magnifique chenal dans l’Est de saint Gildas ou les sillons de galets entre les roche sont remarquablement bien dessiné on voit très bien le sillon en travers du chenal formant un seuil. Ce chenal et se mouillage dans le nord du sillon se nomme Port-Noir, en effet les galets et certaines roche semble plus noir qu’ailleurs, ce passage est connu actuellement sous le nom de Bornoar, un nom qui me paraissait étrange et sans origine bretonne. L’origine de ce nom est maintenant retrouvée.

 

Ar Jentilez, réplique de flambart goémonier de Perros, au mouillage au Port-Noir, au second plan, de gauche à droite, l’île Zilliec, la roche aux cochons, les îles Gouinisis
Ar Jentilez, réplique de flambart goémonier de Perros, au mouillage au Port-Noir, au second plan, de gauche à droite, l’île Zilliec, la roche aux cochons, les îles Gouinisis

Port-Noir et le havre de Pélinec :

Cette partie de la carte est riche en nom d’îles et de rocher que l’on ne trouve nulle part ailleurs. On soit sur cette carte deux moulins à vent, le bien connu moulin de la comtesse et aussi le moulin de Guernautier qui semble être du coté du château de Crec’h ar Bleiz qui n’existait pas à époque. Les contours de île marquer n’ont pas été rehaussé de bleu. Seul l’île des genêts, Ile Bannalec a une maison et est cultivé comme le montre les murets dessinés en rouge, l’arrivé des chemins au fond de pellinec laisse à penser que la chaussée submersible existait au même endroit qu’aujourd’hui

 

Au sud de la chapelle on trouve le petit port naturel abrité par un sillon de galet , il se nomme en toute logique le petit port. Au S.E. de saint Gildas la roche Toulinti, puis de chaque coté du petit chenal la Roche des moutons et la roche Trégoiriaut et dans l’Ouest de l’île Marquer la roche de lait. Au sud-ouest de la petite île on trouve le minuscule ilot, l’île petite nommée sur la carte actuelle l’île aux moutons.

Puis l’on trouve, île Marquer, la petite île, l’île au marsouin et l’île du milieu, Zilliec au bout de son sillon de galets « Setons de galet qui ne couvre jamais »

Plus intéressant cette carte permet de nommer les îles entre et Zilliec

A proximité du sillon formant le seuil de Port-Noir, la minuscule île des Roches puis deux îles les îles Gouinisis la plus nord de ce groupe d’île est nommé l’île des moutons, la petite île situé sur le plateau de sable vasard est la roche au genêts et le gros rocher en arrivant sur l’île Zilliec la roche du Cochon

 

Le port de Bugueles est nommé petit port et l’île au sud de Bannalec (l’île des genêts) est l’île du Coq, aucune chaussée de moulin à marée n’est représentée, un moulin ancien existait à cet endroit mais avait disparu en cette fin du XVIIIème , le moulin actuel date des années 1830. L’île Auza nommée sur la carte actuelle l’île Ozac’h (l’île du maitre) dans l’Est de Bannalec semble nettement plus petite sur cette carte que sur la carte actuelle.

 

La roche aux genêts, dans l’Ouest de Zilliec, cet ilot, ici vu du sud, apparait tout rond et couvert de végétation
La roche aux genêts, dans l’Ouest de Zilliec, cet ilot, ici vu du sud, apparait tout rond et couvert de végétation

Plougrescant :

Je donne juste cet extrait de la carte pour mémoire. Ce secteur de la côte de Plougrescant mériterait une analyse détaillée

 

La rivière de Tréguier :

Bien sur cette carte aucun pont sur le Jaudy et le guindy, mais plusieurs passages de bac

à la roche-jaune, à beg Melen indiqué sur la carte bac melen, au niveau du vieux quai de tréguier, au niveau de l’ancien pont Canada, et un en face de la baie de Pouldouran

 

L’embouchure du guindy est appelée Baie au moines certainement en référence aux moines franciscains de l’île aux moines ayant évacués les Sept-îles pour s’installer à Plouguiel

 

Sources et bliographie:

 

Cette carte à la BNF sur la base Gallica

Cette carte appartient à un ensemble de 250 cartes manuscrites de travail couvrant du Mont-St Michel à Noirmoutier

 

"A la mer comme au ciel. Beautemps-Beaupré et la naissance de l'hydrographie moderne (1700 - 1850)" Olivier Chapuis Presses de l'Université de Paris-Sorbonne (1999)

 

"Toponymie nautique de la côte nord de Bretagne entre le Plateau de la Méloine et les Héaux de Bréhat" Alain le Berre 1973

 

Carte SHOM 7125 Abords de Perros Guirec Sept-Îles.

 

Carte SHOM 7126 De l'Île Balanec aux Héaux-de-Bréhat - Cours du Jaudy.

 

PLAN DES ENTRÉES DE PERROS ET DU PORT BLANC. Dépôt des Cartes et Plans de la Marine 1843 levé en 1837 par les ingénieurs hydrographes de la Marine, sous les ordres de M. Beautemps-Beaupré. (N° 974)

 

 

Port des bouchers ou  port des bateaux vu vers l’anse de Pellinec vers 1900
Port des bouchers ou port des bateaux vu vers l’anse de Pellinec vers 1900
Télécharger
Télécharger cet article :
Port Blanc Port Noir.pdf
Document Adobe Acrobat 1.8 MB

Les graduations des roses des vents, ou du rhumb au degré

Rose des vents avec les trois types de graduations (Premières notions de navigation maritime 1916)
Rose des vents avec les trois types de graduations (Premières notions de navigation maritime 1916)

Depuis fort longtemps les marins utilisent le compas pour suivre une route ou relever un amer. Mais comment était gradué les compas au XIXème siècle.

 

Voici la définition de rose des vents : dans « Premières notions de navigation maritime »  de Coutant et Lavieuville édité en 1916 :

«  On a partagé l’horizon de la mer en 32 parties égales, appelées aire ou rhumbs de vent.

Pour cela, on l’a d’abord divisé en quatre parties égales par deux diamètres NS, EO, faisant entre eux des angles de 90°, et dont les extrémités sont les quatre points cardinaux : le Nord, le Sud, l’Est l’Ouest . Le Sud, dans nos contrées, est le point de l’horizon que l’on a devant soi lorsqu’on est tourné vers le soleil à midi ; on a alors le Nord derrière soi, l’Est à sa gauche et l’Ouest à sa droite. Ensuite, on a divisé chaque angle de 90° en deux parties égales à 45°, et on a eu les quatre points Nord-Est (N.-E.), Sud-Est (S.-E.), Sud-Ouest(S.-O. ou S.-W.) et Nord-Ouest(N.-O. ou N.-W.).

Enfin chaque angle de 45° a été partagé en quatre partie égale à 11°15’ pour obtenir définitivement les 32 divisions qu’on nomme des quarts, et les 32 directions ou aires de vents.

La division de l’horizon, en quarts et même en demi-quarts est employée dans toutes les circonstances où l’on n’a pas à évaluer un angle avec une exactitude rigoureuse : relèvements, caps de navire, direction des vents et des courants, sautes de vent, etc.

Le contour de la rose des vents porte généralement une graduation en degrés de 0° à 90°, à partir des points Nord et Sud, vers l’Est et vers l’Ouest, ou d’après une notation nouvelle, de 0° à 360° du Nord vers l’Est. »

Compas sec, d’un bateau de pêche portugais en 1902, gradué en quart, ce type de compas sommaire était très courant au XIXème siècle (collection National Maritime Museum)
Compas sec, d’un bateau de pêche portugais en 1902, gradué en quart, ce type de compas sommaire était très courant au XIXème siècle (collection National Maritime Museum)

Mais parcourons la rose des vents en quart, comme le mousse qui devait la réciter, interrogé par le capitaine maitre au cabotage.

 

N                          Nord

N ¼ NE               Nord quart Nordet

NNE                     Nord Nordet

NE ¼ N               Nordet quart Nord

NE                        Nordet

NE ¼ E               Nordet quart Est

ENE                     Est Nordet

E ¼ NE               Est quart Nordet

E                           Est

E ¼ SE                Est quart Suet

ESE                      Est Suet

SE ¼ E                Suet quart Est

SE                         Suet

SE ¼ S                 Suet quart sud

SSE                       Sud Suet

S ¼ SE                 Sud quart Suet

S                           Sud

S ¼ SO                Sud quart Suroit

SSO                      Sud Suroit

SO ¼ S                Suroit quart Sud

SO                        Suroit

SO ¼ O               Suroit quart Ouest

O                          Ouest

O ¼ NO              Ouest quart Noroit

ONO                    Ouest Noroit

NO ¼ O              Noroit quart Ouest

NO                       Noroit

NO ¼ N              Noroit quart Nord

NNO                    Nord Noroit

N ¼ NO              Nord quart Noroit

 

Très beau compas sec français de 1720, gradué en quart et en degré (graduation quadrantale)  la fenêtre à droite permettait de faire des relèvements (collection National Maritime Museum)
Très beau compas sec français de 1720, gradué en quart et en degré (graduation quadrantale) la fenêtre à droite permettait de faire des relèvements (collection National Maritime Museum)

En effet bien que la division du cercle en 360° est définit depuis l’antiquité grecque, jusqu’au début du XXème siècle de nombreux compas ne sont gradué qu’en quart (11°15’)ou en demi quart (5°37’30’’) pour les plus précis. Pour une utilisation pratique les marin apprécient cette division de la rose de vents.

 

Au XIXème siècle les marins « scientifiques » utilisent la notation en degrés les marins « pratiques » utilisent celle en quarts. Beautemps-Beaupré dans le « pilote français » imprimé en 1844 utile les degrés alors que Thomassin dans un ouvrage publié bien plus tard en 1874 dans «  Pilote de la Manche côtes nord de France deuxième partie de l’île de Bas aux Héaux de Bréhat » utilise les quarts.

 

Position du danger Roc’h Haro dans le pilote français en 1844, la précision à la minute d’arc est purement dans un esprit scientifique
Position du danger Roc’h Haro dans le pilote français en 1844, la précision à la minute d’arc est purement dans un esprit scientifique

Le passage de l’un à l’autre des systèmes demande une certaine gymnastique mathématique, par exemple O ¼ S0 = S. 78° 45’ O. ou bien encore dans le système actuel 258°45’. Toutefois des table de conversion existe dans les almanachs des marée de l’époque. La graduation en degré en quatre parties graduées de 0° à 90° s’appelle graduation quadrantale . La graduation de 0° à 360° s’appelle graduation rationnelle ou graduation azimutale. La division actuelle en 360° est présentée comme nouvelle en 1916, elle n’apparait pas dans « La navigation mise à la portée de tous - Manuel pratique de navigation estimée et observée de CHARCOT J.-B., CLERC-RAMPAL G » édité en 1909.

 

Les marins anglais utilisent une rose en quart encore plus précise et descendent la graduation jusqu’au au « quarter point » de 2° 48’ 45’’ ou même au 1/8 de 1° 24’ 22’’30’’’.

 

Compas liquide anglais vers 1902, graduation en quart très précise descendant au 1/8 ème.
Compas liquide anglais vers 1902, graduation en quart très précise descendant au 1/8 ème.

Description nautique de Port-Blanc en 1874

Profil de côte dans le Pilote français de Beautemps-Beaupré alignement du chenal principal, les pyramides blanches amer n’étaient pas construite en 1837
Profil de côte dans le Pilote français de Beautemps-Beaupré alignement du chenal principal, les pyramides blanches amer n’étaient pas construite en 1837

PORT BLANC. Sommaire. Mouillage à l’abri de tous. les vents, excepté du Nord et du, N. O., par 6 à 7 mètres, sable et vase; échouage sur l’herbier à l’abri de tous les vents. Ce port est à 3 milles à dans l’E. S. E de la pointe Nord de l’ile Tomé et à 10 milles dans l’0uest des Héaux de Bréhat.

 

Reconnaissance - le sémaphore et le moulin de la Comtesse qui sont à se toucher et la pyramide blanche du Voleur au fond du port.

 

Éclairage. - Nul. Il faudrait un feu rouge sur la droite de l’entrée.

 

Balisage. -    Rocher Saint-Gildas.         Petite pyramide blanche

Ile du Château-Neuf         Petite pyramide blanche

Run Ruz, roche rouge       Balise blanche

Moulin de la comtesse       Amer blanchi

                        Pyramide du fond du port    Amer blanc

 

Alignements. - Le Moulin de la Comtesse par la Pyramide blanche du fond du port S. q. S. O.

 

Pilote. - Au port Blanc, Perros et Tréguier et à Bugueles; ils se tiennent souvent aux Sept-Îles.

 

Bateau de sauvetage. - Nul. le plus rapproché est a Perros.

 

Sémaphore.- A toucher le moulin de la Comtesse dans l’0uest.

 

Vue de Port Blanc vers 1900, avec la chapelle à droite et l’école à gauche
Vue de Port Blanc vers 1900, avec la chapelle à droite et l’école à gauche

PORT BLANC - Ce petit port est un bras de mer de l encablure l/4 de largeur, Ouvert au Nord, où un bâtiment de 7 mètres de tirant d'eau peut mouiller sans échouer; au fond, est un échouage sur la vase à l’abri de tous les vents et de

la mer du large. L’entrée qui est directe à l bonne encablure de largeur y a (5 mètres d’eau a 1/2 mille en dedans elle; l’échouage découvre pas dans les mortes-eaux ordinaires de sorte qu’à la demi-marée un navire de 2m60 peut aller jusqu'au fond de l’échouage. Les navires sont très-bien au mouillage; un bâtiment de 6 mètres qui n’est pas trop long peut y mouiller sans échouer à l’abri des vents du N. E. au Sud. Mais à cet endroit le Nord donne en plein. Les navires fins restent ordinairement au mouillage parce que les béquilles ne tiennent pas sur le fond de, I’ herbier; il y a cependant des places où ils tiennent droit parce que la vase est molle.

Le Port-Blanc est un très-bon refuge pour les caboteurs qui ne peuvent pas attraper Perros avec des vents d’0uest, ou qui ne peuvent pas atteindre Tréguier avec les vents d’Est. Il a sur Perros cet avantage qu’il y a de l’eau à toute heure. La sortie, seule, présente quelque difficulté; elle est impraticable dans les gros temps de N. 0.

L’alignement pour entrer est ; le Moulin de Comtesse par la pyramide blanche du fond du port (S. q. 8,0’). Ce moulin est dans l’Est du Sémaphore et à le toucher. Lorsqu'on louvoie, il faut le tenir ouvert des roches de l’entrée. On prend cet alignement à 1 mille de la côte, à 1 mille ¼ dans le N. N. E. du Four et sur l’alignement des Feux du S. O.de Perros, ou du Clocher de la Clarté par la coupée de Tomé.

Si l’on vient de l’0uest, on contourne la basse Nord du Four (0m 0), en se tenant sur l’alignement du Sémaphore de Ploumanac’h par la pointe du Carn, ou en tenant le même sémaphore ouvert du sommet le plus Nord de Tomé jusqu’à ce que les deux amers du Port-Blanc soient l'un par l’autre, et alors on met le cap sur eux.

Si l’on vient du N. E., on fait route sur le mamelon de la pointe de Trélévern par le Four (O. q. S. 0.); la roche du large la plus rapprochée; et on élonge a 1 encablure les roches qui avoisinent l’entrée dans l’Est.

On peut encore tenir la petite pyramide blanche du Château Neuf (celle de l’0uest) un peu à gauche du Château de Kerganton, S. 0. ½ O., et écarter les rochers de gauche à 1 encablure ½ .

Cet alignement laisse à bâbord un groupe de rochers dont les têtes ne couvrant pas, et qui entourent l’île Saint Gildas. Le plus Nord est Roc’h Rubin; il y a une basse de (2m6) à ½ encablure au N. N. E. de lui.

On rencontre ensuite à l'entrée du Port, Men Guen (Pierre Blanche) et 2 encablures plus loin Malouisan, rocher qui ne couvre pas et est le plus avancé du côté gauche du chenal; on peut en passer à 50 mètres dans l’Ouest. Il est au S. q. S. O. des roches de gauche de l'entrée et par le travers de la pyramide du Château-Neuf.

Men Guen a une forme très remarquable: il y a une basse de (3m2) à 1 encablure au N. O. q. O. d’elle; il a faut donc en passer à près de l encablure à l’0uest au bas de l'eau, et il y a encore une basse de (6m5) à l encablure 1/2 de Men Guen, au N. O. q. O. aussi. On évite cette basse en suivant les marques avec soin: elles en font passer à 1/3 d’encablure.

Plus loin, sont : à l encablure, le Paresseux, gros rocher qui ne couvre pas et dont une tête (7m5) s’avance à ½ encablure; Run Ruz (7m5) l encablure ½ plus loin et à 50 mètres de l’alignement; balise blanche sur la partie S. O. ; Roc’h Louët, 1 encablure ½ plus loin. Ce rocher qui ne couvre pas sur une étendue de 100 mètres se contourne dans le Sud à 1 encablure pour venir au S. S. E. mouiller à 1 encablure au Sud de ce rocher; l’herbier qui en cet endroit ne découvre que dans les équinoxes.

Lorsque la mer est pleine, il faut écarter un peu Roc’h Louët dans l’Ouest et principalement dans le Sud où la queue, qui n'est pas très-élevée, s’étend à 2/3 d’encablure; la queue de l’0uest couvre à la demi-marée et s’étend 50 mètres.

Deux petits plateaux un peu plus élevés que le fond, se trouvent au S. S. O. de la Chapelle, à 1 encablure. On en est dans le Sud lorsque le Trou du Flot parait bien ouvert.

A 50 mètres au S. S. E. de Roc’h Louët se trouve une tête qui découvre à la demi-marée, et, à l encablure à l’0. S. O. de la même roche, il y a une basse de 4m9. Dans les grands mauvais temps de la partie de l’Ouest, les caboteurs vont s’échouer dans le fond de Pélinec, pour éviter la grosse mer de l’Ouest qui entre par dessus le Grau des Femmes. C'est là un des plus grands   inconvénients du port et l'on y remédierait facilement au moyen de blocs jetés sur le grau de manière à ne laisser qu'un passage pour le goémon et les caboteurs.

 

 

Extrait de la carte 7125 du SHOM, les quatre chenaux de port blanc, en vert le chenal principal, en rouge le passage de l’ouest, en bleu le passage du trou du flot et en violet le passage de Bornoa
Extrait de la carte 7125 du SHOM, les quatre chenaux de port blanc, en vert le chenal principal, en rouge le passage de l’ouest, en bleu le passage du trou du flot et en violet le passage de Bornoa

 

L'alignement laisse à tribord :

Le Grand plateau du Four dont une douzaine de basses qui affleurent bordent le chenal à 2 encablures de l’alignement sur une longueur de 6 encablures, depuis l’alignement du sommet du mamelon de Trélévern par Toc Guen et par le clocher de

Louanec, jusqu’à 4 encablures des rochers de droite de l’entrée;

Les quatre ou cinq rochers de droite de l’entrée qu’on peut ranger à 50 mètres. Les basses Gouret ar Bail (5m 8) et Ar Vouden (3m5) sont à 1 encablure ½ au N. q. N. O. de ces rochers, et à l’O. N. O. d’eux, à 1 encablure à, sont 2 basses qui affleurent presque; elles laissent entre elles et la Basse Est du Four (0m6) qui en est à 3 encablures dans le N.N.E. un chenal de 2 encablures qui n'a pas moins de 20 mètres de profondeur, fond de sable, dans cet endroit ; L'île du Château Neuf, îlot avec une petite pyramide blanche sur le sommet du gros rocher carré qu'on appelle le Château.

C'est sur le rocher le plus Nord de ce groupe qu'il faudrait un petit feu rouge; en le tenant au Sud du monde on viendrait facilement au port sans alignement, et les caboteurs qui passent au large sauraient à quelle distance ils sont des dangers des

Héaux ou de Tomé.

Roc’h Barbet (2m 9) à 50 mètres des roches ; on peut ranger les rochers du Château-Neuf à 1/3 d’encablure; Roc’h Avel (le Casier), tête isolée qui ne couvre pas et se trouve séparée de l’île des Femmes qui est à l’0uest de lui : à 2 heures de montée, il faut se tenir à 1 encablure de Roc’h Avel, parce que le fond affleure jusqu’à ¾ d’encablure de lui à l’E. S. E.

En contournant pour faire le S. E. on laisse à tribord : l’Ile des Femmes, le Grau et le Trou des Femmes, Roc’h an Ik, bloc énorme, puis la côte sur laquelle on voit la chapelle Notre-Dame, et à sa gauche à 400 mètres une roche, Mine Ruz, qui ne couvre pas, et, plus à gauche, le corps de, garde du Port Blanc sur un rocher de la plage; le rocher le Voleur qui est très remarquable, la Pyramide blanche, du fond du port, le Rocher la Chevrette qui ne couvre pas, et le petit Port des Bateaux qui est abrité par une cale.

L’échouage a l encablures ½ du Nord au Sud et est libre de tout danger. Cependant il y a deux petits plateaux a l encablure de l'île Saint-Gildas dans le S. S. O. de la Chapelle.

Il vient a Port Blanc que des caboteurs eu relâche, quelques navires qui chargent des grains et des sloops homardiers qui recueillent les homards de la côte de Ploumanac’h à Tréguier et les portent à Cherbourg et au Havre.

 

L'espace compris entre les basses du Four et les rochers Goënès forme un angle carré dont le sommet est a l'entrée, et où le louvoyage est libre; on peut donc suivre les marques, ou venir chercher l’entrée en gouvernant sur le Château Neuf, vu entre le S. q. S. E. et le S. 0.; les marques du louvoyage seraient à l’0uest: le moulin de la Comtesse un peu ouvert des roches de droite de l'entrée (Ram Bras), et, à l’Est, le

Château de Kerganton ouvert au Nord du Château Neuf ou le Château Neuf ouvert de Men Guen.

L'entrée du Port Blanc ne se reconnaît pas du tout pendant, la nuit et se reconnaît difficilement pendant le jour; on ne distingue que la pyramide du fond du port qui est beaucoup trop dans les terres pour indiquer l’entrée, ce qui rend l'accès de ce port difficile dans les grands courants des vives-eaux, parce qu'on ne voit le port que lorsqu'on est sur l'alignement et alors si la brise n'est pas très fraîche on est emporté par le courant. Un feu placé a l'entrée ferait disparaître cette difficulté. Actuellement les pécheurs se guident pendant la nuit sur la lumière d'une auberge qui leur fait souvent défaut.

Le port est d'un accès facile quand on a atteint l'entrée; mais les marins ne doivent pas compter sur un abri complet avec les vents du Nord au N.O. ni même avec les gros temps de l'0uest.

Avec ces vents, dans les pleines mers des grandes marées, la mer passe entre les rochers du Nord du Château Neuf, recouvre en partie Roc'h Louët ainsi que le grau qui la relie a Saint-Gildas sur une longueur de 150 mètres, et se fait sentir a l’échouage; les navires vont alors se placer à l encablure au Nord de l'île Marquer où l’herbier assécher de (4m2). Avec les vents de N. E. ils se placent quelquefois au fond de l'anse de Pélinec où le sable asséché de (4m2).

Les bateaux sont très-mal abrités dans leur port de la Chevrette où il y a beaucoup de ressac avec les vents d’Est. Ils sont au nombre de cinquante. Il leur faudrait une petite jetée dirigée vers le Nord , à 500 mètres à l’Est du fond du port.

Il y a pour entrer au Port ‘Blanc trois autres passages fort étroits, et qui assèchent à toutes les marées. Ils sont praticables pour les caboteurs, de sorte que pour les petits navires, il n’y a à la pleine mer des grandes marées que les vents du N. N. O.

qui empêchent de sortir.

 

Vue de l’île au Femmes vers 1900, on voit bien la tranchée dans le sillon de l’île aux Femmes pour le passage des bateaux
Vue de l’île au Femmes vers 1900, on voit bien la tranchée dans le sillon de l’île aux Femmes pour le passage des bateaux

Le passage de Ouest ou de l’île Bruc appelé Trou du Grau, court O. q. N. O. et a 1 mille de longueur : il assèche de (5m2) à l’endroit le plus élevé qui se trouve entre 1’île des Femmes et la terre ; il y a là une langue de galets ou grau, qui est coupée sur une largeur de 10 mètres. Le fond de cette coupée couvre à 2 heures et demie de montée. L’alignement pour sortir est la tête de Mine Ruz par le Nord du Voleur, mais quand on a passé le Grau, on continue cette route 1 encablure, puis on vient

un peu sur bâbord pour faire l’O. q. N. O. de manière à passer à 1/2 encablure dans le Sud du sommet de Roc’h Dléou, rocher remarquable à deux têtes carrées, qui se trouve à 2 encablures au N. E. de l’île Bruc, Ce chenal a environ ¾ d’encablure de largeur et lorsqu’on quitte les plateaux au Nord de l’île Bruc, on a trouve des fonds de 3 à 4 mètres. Quand le moulin de la Comtesse vient au Sud de l’île Bruc à demi-distance entre elle et Roc’h Las (9m9), on suit cet alignement.

Ainsi à la pleine mer des grandes marées un caboteur de 3m50 ayant le vent portant peut passer par là; cela le conduit dans le chenal à terre du Four dont il sortira avec l’alignement précédent ou en prenant l’alignement du Moulin de Kergastel un peu à gauche du rocher le plus Nord de la pointe de Portz Tréguiniec; on passera entre le plateau de la Pierre Rousse (2m3) et les Basses Stréou (3m5).

Cet alignement faisant passer à toucher une basse qui affleure, il vaut mieux s’il y a de la levée tenir le Moulin de la Comtesse un peu au Sud de l’île Bruc à moitié distance entre elle et Roc’h Las, qui ne couvre pas et se trouve à 1 petite encablure au Sud d’elle. On est libre des basses du Four lorsque le sommet de Trélévern vient par Louanec; mais pour passer au large de la Basse Guazer (Om6); et des autres basses qui en sont au S. O., il faut que Louanec soit bien ouvert de la pointe Nord de Trévévern. Louanec par la droite de la pointe met sur le Guazer. On peut encore tenir le moulin de Kergastel entre le rocher le plus Nord de Ports Tréguignec et le cracher de la plage qui en est un peu à gauche, S. E ½ S. (les deux alignements donnent à peu près les limites du passage, mais le second alignement pulse sur une basse de (1m3). Le moulin de Kergastel est le plus près de celui de la Comtesse, à 1,400 mètres à l’Ouest.

Cet alignement laisse au Sud les Basses Stréaou (3m5), et, à tribord la Pierre Rousse et la Basse Carcasse (3m6).

A l'heure de la pleine mer s’il n’y a pas de houle on ne tient pas compte de ces alignements et l'on passe sur les basses

Stréaou (3m5). On peut aussi en passer dans le S. O., entre elles et Ar Men Du Trestel (4m5) en tenant la tête Ouest du Corbeau un peu a gauche du chemin de la pointe du Corbeau qui va à Tréguignec par 12m0 et 13m5, S. S. E..

Ce passage n’est généralement pratiqué que par les bateaux qui vont à la pêche lorsque les vents sont au N.E. ou du Nord.

 

Le passage du N. O. appelés Trou du Flot (Toull ar Flot) court au S. S. E. et a ½ mille de longueur Il vient aboutir dans le port entre Roc’h Avel et l’Ile des Femmes. La partie la plus élevée qui se trouve entre la pointe Sud de l'île du Château-Neuf et la pointe Nord de l'île des Femmes découvre de (4m2).

Ainsi un caboteur de 4 mètres peut y passer avec vent portant aux pleines mers des petites malines.

Ce passage n’offre aucun avantage sur le Grand Chenal; cependant un navire qui avec vent d’Est manquerait l'entrée à cause du courant pourrait encore attraper le passage.

 

Ce chenal donne dans le chenal ù terre du Four dont il faut sortir par le Nord ou par le Sud; cependant il y a un passage très étroit mais où il y a beaucoup d 'eau entre la grosse roche du Four et les Basses Morchasse (5m0) qui en sont a l’E.N.E. à l encablure ½ du sommet. L’alignement de ce passage est le Corps de Garde du rocher du fond du Port Blanc, vu ouvert deux voiles a gauche de la Flaqueresse, rocher situé à ½ encablure à l’Ouest du gros rocher de Château-Neuf sur lequel est la petite pyramide, et l’alignement du Trou du Flot est: le même Corps de Garde vu à demi-distance entre le Château Neuf et la Flaqueresse ou par le Moulin de la Comtesse.

Si l’on sort, dès que le Four a dépassé le travers, il faut venir un peu sur bâbord pour tenir le Corps de Garde à toucher la Flaqueresse afin d’éviter deux basses de (3m7).

 

Si l’on va dans l’Ouest, en sortant du trou du Flot, on contournera les rochers toujours découverts Roc’h Gulian et Roc’h Meg à 1 encablure l’on fera l’O. S. O., le cap sur la maison du Fanal du Colombier toujours ouverte à droite de Toc Guen, ou par la tête Nord de Cahorec, jusqu’à que la Clarté vienne par la fourche du Valet, Ouest 1/2 Nord, alignement que l’on suivra jusqu’à celui des Feux de Perros.

Cet alignement laisse à très-petite distance à droite des Basses

de (4m5), ((1m6) ,(2m9), et à ½ encablure à gauche la Basse Carcasse (3m6). Il range à 1/2 encablure l’accore du plateau de la Petite île, et Roc’h Morville (1m6), la tête la plus au large. .

 

Le passage de Bornoa ou de l’Est court au S. S. O.; c'est celui où il y a le moins d’eau, parce que la traverse de galets qui se trouve à l’Est de l’île Saint-Gildas découvre de (6m5) ; sans cela le sable ne découvrirait que de (5m2); ainsi en ouvrant un passage dans le Grau, ce qui serait un petit travail, un navire de 4 mètres y passerait dans les pleines mers des grandes marées ordinaires.

Il y a deux alignements pour faire cette passe; l’alignement du dehors est : le sémaphore vu par le milieu du Trou ou un peu à droite du milieu; on le suit en entrant jusqu’à la roche du Grau, et là on prend la droite du Château de Kerbleïs (propriété Perron) par le rocher de droite de l’île Marquer, S. S. O. 1/2 S. On fait encore la partie extérieure en tenant le milieu de la maison qui est à toucher le sémaphore à droite,   par les deux cheminées de gauche de la ferme de Kerdavid ou la ferme de Kermaquer par la maison Perron.

On peut passer à 100 mètres à l’Ouest de l’île Marquer et de l’île aux Moutons qui en est dans le Sud, pour aller à Pelinec. Le fond augmente un peu et est d’herbier au Nord de l’île de Marquer et de sable au Sud.

On peut aussi venir à l’Ouest pour passer entre les rochers qui ne couvrent pas à 200 mètres au Sud de Saint-Gildas, et Run Greis. On range les rochers du Nord à 50 mètres.

En sortant, quand on a dépassé Roc’h Guiliout Bras, deux rochers de droite qui ne couvrent pas, on met le sémaphore sur la pointe de Salut-Gildas pour parer les Roc’h ar Vine (4m5) et Roc'h Farau (5m7).

 

L’activité maritime de port blanc vers 1920, un dundée caboteur charge des sacs de pommes de terre, deux sloups de pêches ont leur voiles hissées et sont prêt à partir, les petits canots sont certainement des goémoniers (Collection Lacombe AD22)
L’activité maritime de port blanc vers 1920, un dundée caboteur charge des sacs de pommes de terre, deux sloups de pêches ont leur voiles hissées et sont prêt à partir, les petits canots sont certainement des goémoniers (Collection Lacombe AD22)
Le port aux bateaux, vers 1920, au second plan l’île Saint-Gildas  (Collection Lacombe AD22)
Le port aux bateaux, vers 1920, au second plan l’île Saint-Gildas (Collection Lacombe AD22)

Renseignements divers - il y a à Port Blanc quelques maisons; le bourg le plus rapproche, Penvenan, n’en est pas a plus de 3 kilomètres et n'est lui-même qu'a 7 kilomètres de Tréguier. Les navires qui viennent en relâche trouvent donc au Port Blanc moins de ressources qu'a Perros, mais l’entrée en est si facile que nous recommandons vivement aux marins de venir y mouiller pour attendre une marée dans le moment des vives-eaux. Il manque malheureusement a ce port un Fanal qu'il faudrait établir sur l’extrémité N. E. des roches de l’île du Château-Neuf. Il permettrait dans le jour de reconnaitre l'entrée du port qu’il est impossible de distinguer, et la nuit il éclairerait l'entrée du port que les pécheurs ne peuvent pas trouver dans les temps sombre. Il se perd souvent des chaloupes a cause de cela. L’établissement de ce fanal, en évitant ces accidents, comme cela est arrive a Ploumanac’h attirerait beaucoup de caboteurs dans le port ct rendrait un grand service aux navires qui louvoient le long de cette cote pendant la nuit.

On pourrait encore construire le phare sur le Château Neuf; il offrirait les mêmes avantages que s'il était sur la roche de l’Ouest de l’entrée, et la dépense serait bien moins élevée.

Les travaux les plus importants a exécuter après le phare sont une chaussée en blocs de pierre sur le Grau des Femmes pour briser la mer de l'ouest qui est la plus gênante dans le port; une chaussée semblable allant

de Roc’h Louët vers l'île Saint-Gildas, pour briser la houle du N. O.; une jetée

de 50 mètres, gisant Nord et 8nd et allant de la droite du port aux bateaux vers Run Goëlo pour servir d'abri aux bateaux pendant les vents d’Est ; enfin une tourelle sur la basse Guazer..

 

Il n’y a pas de village sa bord de la cote comprise entre Perros et le Port Blanc, mais à 1 mille dans l »Est du Port Blanc se trouve Buguélez, village considérable où il n’y a que des pêcheurs.

 

«  Pilote de la Manche côtes nord de France deuxième partie de l’île de Bas aux Héaux de Bréhat » par M. Thomassin

 

Commentaires :

Une encablure mesure 185,2 m soit un dixième de mille marin

 

Thomassin utilise le mot grau pour désigner les sillons de galet, ce mot est certainement plus à rapprocher du sens du mot breton Graou qu’à la définition française de grau qui désigne uniquement le point le plus bas d’un sillon de galet.

 

Le Château de Kerbleiz est noté comme la propriété Perron il fut également la propriété du vice Amiral Cavelier de Cuverville.

 

Pendant longtemps, Port n’eu aucun ouvrage d’art et de balisage La cale du port aux bateaux date seulement de 1870.

 

Le feu du voleur est allumé en 1889, pour compléter de nuit l’amer blanc du fond du port.

Le feux du voleur, au fond du Port-Blanc, construction atypique, cet amer n’est pas facilement visible du large
Le feux du voleur, au fond du Port-Blanc, construction atypique, cet amer n’est pas facilement visible du large

Description des côtes de Bretagne Nord en 1664

Détail de la carte hollandaise de la manche de Peter Goos de 1666
Détail de la carte hollandaise de la manche de Peter Goos de 1666

Cette description des côtes de Bretagne Nord est extraite de  « Recherches générales de la Bretagne Gauloise Première partie description du pays de Bretagne Par le P.T. De S. Luc, C. édité à paris en 1664 (pages 218 à 236) Chapitre IV Autre description de la Bretagne par les côtes, port havres, rades et iles qui l’environnent. »

 

Pour cette description des côtes l’auteur utilise la méthode du sieur Tassin, géographe ordinaire du Roi qui a décrit la Bretagne par huit cartes littorales incluse dans un atlas de 30 cartes des cotes de France datées de 1634. Cette description des côtes de Bretagne est une première description maritime de la Bretagne.

En voici un extrait pour les côtes de Bretagne Nord  dans  J’ai juste utilisé l’orthographe moderne, à l’exception des noms de lieux pour en facilité la lecture. J’ai ajouté également des titres pour scinder cette description  en paragraphe.


Type de navire armé à la pêche à la morue à Terre-Neuve
Type de navire armé à la pêche à la morue à Terre-Neuve

De Cancale  à St-Malo

La première côte est celle qui commençant au pays de Dol, se nomme ordinairement la rade de Cancale. Il y a un Havre dans ce bourg, dont l’avantage n’étant point connu, on le néglige et n’est pas si fréquenté qu’il mérite ; la rade est des meilleures de France, où il y a un fort bon et sur ancrage à sept et huit brasses d’eau. On trouve ensuite deux iles appelées  les Landes et Hespières ; on vient après à la pointe de la Varde, pour de là arriver à St-Malo.

La ville de St-Malo à un très beau havre ; on ancre devant les murs sur cinq brasses de basse eau. On y entre à demie-marée ; et en hautes eaux, il ya quatorze brasses de profondeur ; la mer y hausse et baisse à chaque marée de sept brasses ; on peut aussi ancrer en la baie à cinq brasses en basses eaux. Il faut remarquer qu’au milieu du havre il y a deux ou trois sables (bancs de sable) dont le fond est pierreux, qu’il faut bien éviter.


Fort la Latte
Fort la Latte

De St-Malo à St-Brieuc

De St-Malo tirant vers l’occident, on rencontre les trois iles de Cézembre (Où il y a un célèbre monastere de Pères Recollets) D’Agot, de Ebbiens, les côtes de St-Iagu (St-Jagu)  et du Guildo […]

Du Guildo on tourne à l’isle de la Garde et puis à la pointe et port de St-Cast, appartenant aux seigneurs de Beaucorps […]

Du port de St-cast on va au cap Frehel autrement nommé de la Latte à cause du château de la latte, où il ya une bonne rade pour ancrer à l’abri ; les seuiniens [1] se trouvent en ce lieu ; Il y a aussi une grande baie à l’embouchure de deux ruisseaux, dont l’un fait le port au Duc, et l’autre vient de la ville de Matignon, d’où  toute cette côtes avec le château de la latte et les ports qui suivent dépendent. Vis-à-vis le cap Fréhel est un grand banc de sable, qu’on nomme les Huistres , à cause de la prodigieuse multitude dont il est couvert ; on peut être à la rade vers ce banc sur six ou sept brasses d’eau.

Du cap Fréhel tirant vers le midi on trouve une petite ile nommée le Mas de Fréhel, un rocher fort remarquable qu’on appelle la Roche Plate, et puis m’ile de St-Michel, la pointe de l’Egarenne, la grève et le port d’Erquy, la roche  de Verdelet avec sa rade et les ports de Dahouet et Moruant auquel il y a patout bon ancrage.  De là ou vient à la pointe et la grève de Hillion où l’ancrage n’est pas trop assuré, et puis à la pointe de Cesson, où les restes de la tour montrent assez ce qu’elle était, et l’excellence de sa forteresse avant sa démolition. Il ya sur cette montagne une chapelle dédié à la très glorieuse Vierge Marie, mètre de Dieu, où da divine majesté fait de grandes grâces à ceux qui visitent ce saint lieu avec dévotion et confiance.  Sous la pointe de Cesson, tirant vers le couchant, on trouve le flux et reflux de la mer, qui entre dans la rivière qui conduit au port du Légué, à une petiote demie-lieue de la ville épiscopale de St-Brieuc […]


La tour de Cesson
La tour de Cesson

De  St-Brieuc à Tréguier

En sortant de cette rivière et tournant vers le nord, on trouve la pointe du Roselier et les ports de Quemeret et de la Ville Rouault ; celui-ci appartient aux seigneurs du Precreant, dont le château n’en est qu’à une demie-lieue ; l’ancrage est fort bon entre ces deux ports, mais il est meilleur et la rade plus sure dans celui de Benic (Binic), qui en est fort peu distant, ce qui les rend ordinairement assez déserts.

Le port de Benic a toujours été beaucoup estimé et fréquenté, à cause de la pêche des morues, à laquelle les habitants des paroisses voisines vont ordinairement et sont très experts ; il est vrai que les grands vaisseaux qui dépassent  trois cents tonneaux de port, ne peuvent y aborder qu’aux grandes marées ; mais si l’on voulait faire la dépense nécessaire pour  une médiocre levée du coté du sud est et nettoyer  un peu la rivière, on y ferait un aussi bon, sur et agréable lieu pour le commerce de toute la côte du nord. Il s’y trouve si grand nombre de bons matelots, qui aiment la mer et le travail, qu’après les équipages fournis pour les bâtiments du pays (qui sont à présent au nombre de dix-huit) il en va beaucoup à St-Malo et en reste encore pour équiper en cas de besoin, dix ou douze vaisseaux, ce qui fait qu’on y en battit tous les jours de nouveaux. Et les cadets du pays, attirés par le grand lucre (profit) qu’on fait sur mer, se servent volontiers du privilège de la province, qui permet aux gentilshommes un commerce honorable, sans déroger à leur condition, pourvu qu’à la fin il fassent déclaration devant deux marguilliers qu’ils s’en désistent. Les grandes fortunes que plusieurs y ont faites en moins de vingt ans, et le peu de pertes que les autres y on souffertes,  doivent sans doute bien les y animer, sous le règne de notre incomparable monarque, qui a pris sous sa protection, par des preuves si effectives, le rétablissement du commerce en son royaume, qu’on peut en espérer et grandes suites et progrès.


Type de navires armés à la pêche à la morue à Terre-Neuve
Type de navires armés à la pêche à la morue à Terre-Neuve

Sortant du port et rade de Benic, on trouve du coté de l’ouest le port de Tonquedec [2], les iles, havre et rade de Portrieux et la grève de Plouha, où il y a partout fort bon ancrage ; mais cet endroit de la côte étant bordé de plusieurs rochers qu’on nomme les Mats de Gouelo, est périlleux aux étrangers qui veulent y aborder, et mêm  e à ceux du pays qui n’en ont pas l’expérience. On trouve ensuite la rade de Poulafre (de laquelle vous voyez l’abbaye royale de Beauport, de l’ordre de Prémontré […]) ; puis la rade et ville de Paimpol, le port de Loguiez (Loguivy) et la rade de Frenay[3], qui est à l’entrée de la rivière de Pontrieux ; il y a partout ici très bon ancrage. Vis-à-vis de cette côte à trois quarts de lieue, droit au nord on voit la belle et bonne ile de Bréhat, qui a une lieue de long sur une demie de large ; elle est fort peuplée, et les habitants bien entendus au commerce ; on peut cingler et rader tout autour à neuf et onze brasses d’eau, quoi qu’il y ait quelques écueils, mais facile à éviter.  Cette ile et presque toute la côte que nous venons de decrire, depuis le château du Guildo est de pays de Penthieuvre et Gouelo.

 

De la rade de Frenay continuant le tour vers l’ouest, on rencontre l’ile d’Er [4] et celle de  St-Mandé et puis la pointe de Lanmodez, qui est entourée de plusieurs ilettes inhabitées, d’écueils et rochers jusqu’à la grève du Vieux Chastel (dépendance de la baronnie de ce nom) et la rade ou manche de Tréguier ou il y a un fort bon et facile ancrage.

 

La mer entre par cette manche dans deux rivières avec flux et reflux ; par l’une d’elle va à l’ancienne ville de la Roche-Derien, si recommandée du temps des guerres de Jean de Montfort, mais à présent assez déserte ; par l’autre elle vient à la ville épiscopale de Lantreguer, qui ne se sert pas d’avantage de la mer pour le commerce, n’étant composée que des ecclésiastiques, du Chapitre et de la noblesse du pays.


Carte de Christophe Tassin 1634, de l’isle de Bas à Benic
Carte de Christophe Tassin 1634, de l’isle de Bas à Benic

De Tréguier à Morlaix

A la sortie de la rivière ou manche de Lantreguer (Tréguier) tournant toujours du coté de l’ouest, on trouve plusieurs petites iles déserte, et puis deux havres ou ports dans lequel l’ancrage est bon et à l’abri, entre autre dans le Port-Blanc qui est un des bons et sur de la côte. On voit à une demi-lieue de ce port vers le nord, l’ile de ST Gildas (vulgairement appelée de St Gueltas) entourée de beaucoup d’écueils, entre lequel on peut aisément passer sur sept et huit brasses d’eau, la mer étant basse.

A la sortie du Port-Blanc et de l’ile St Gueltas, vers l’ouest, on voit les Sept-Iles, distante de la terre ferme de deux lieues, on peut y aborder sur quarante brasses d’eau. Elles sont inhabitées [5]; La plus grande a une lieue de longueur sur une demie de large, les autres environ une demie en  diamètre, et ne sont séparées que d’un petit quart de lieue les unes des autres ; le fond en est ingrat et stérile, à cause qu’il est sur le roc. Il faut aussi prendre garde du coté de l’ouest, ou l’on découvre en sortant, quand l’eau est basse, quantité d’écueils. On voit du même coté environ une lieue plus avant dans la mer, les Triagos, qui sont certaines roches ou ilettes  inaccessibles, dont l’abord est tout à fait périlleux. Au sud des dites Sept-Îles tirant vers les cotes et la terre ferme, on trouve l’ile de Tauec (Thomé) encore inhabitée, qui a une demie-lieue de longueur sur un quart de largeur ; on peut cingler autour et il ya un fort bon et sur ancrage au nord-est. Cette ile regarde les rades et ports de Penoüe [6] et Penros (Perros), les côtes de Trégastel et de Trébeurden, la rade de Timiot (Toéno) et l’ile de Milliau, dont les côtes sont entourée d’une infinité d’écueils  et rochers qui en défendent absolument l’accès excepté aux plus expérimentés du pays.

Navire de cabotage du XVII ème siècle
Navire de cabotage du XVII ème siècle

L’ile qu’on appelle la Grande est la plus proche de la terre ferme ;  Elle a prés d’une demie lieue de diamètre et n’est distante qu’environ deux cent pas de la côte ; si l’abord y étai facile, on pourrait en faire une des bonnes places de tout le pays.

Le port de Gueaudet (Yaudet) vient en suite, il est situé à l’ouest sur l’embouchure de la rivière de Lannion et du vieux-Marché, vis-à-vis de la pointe de Loquemeau (Locquémeau), et suivant la côte on trouve  la rade de Toulanhery avec la grève de St-Michel, d’où l’on va au port de Chevrette, à l’embouchure d’une petite rivière qui passe proche Lanmeur, et puis  celui de Primel.


Château du Taureau son état actuel est proche de celui  du début du XVIIIème.
Château du Taureau son état actuel est proche de celui du début du XVIIIème.

De Morlaix au Conquet

A l’entrée de la rivière de Morlaix on rencontre le château du taureau, où il y a une bonne garnison. Le marquis de Goesbriand en est à présent gouverneur ; il ya fort bon ancrage dans cette rivière jusqu’à Morlaix. La commodité du port, et la bonté de la ville y font un des meilleurs commerce de la province.[…]

En sortant de cette rivière et tirant à l’ouest, on trouve la pointe et l’ile de Callot où une chapelle aussi dévote que miraculeuse, dédiée à la très Sainte Vierge Mère de Dieu. L’on voit d’ici le port de St-Paul de Léon, nommé Pempoul, et puis celui de Roscoff fort fréquenté et peuplé de riche marchands ; il ya dans ce dernier une très belle et avantageuse chambre (port), capable de retirer une des plus grandes flottes ; les vaisseaux y sont à l’abri et en sureté.

La chapelle de l’ile callot
La chapelle de l’ile callot

Vis-à-vis de Roscoff est l’ile de Batz, distante d’une grande demie-lieue de la terre ferme ; elle est bien peuplée et il ya une église paroissiale dedans; mais n’étant aucunement fortifiée, elle est exposée au pillage des corsaires, qui font souvent bien du dégât.

 

On voit en suite les baies, ports et côtes de Pontchrist, Goulven, Pontusval, Plounéour Abervrac’h, Porsal, Argenton, Melon Aber-Ildul et Lampol, avec grand nombre d’autre iles et ilettes  non considérables, autour des quelles, aussi bien que de cette côte, il y a grand nombre d’écueils fort périlleux.

 

L’ile D’Ouessant est vis-à-vis de cette côte, distante environ cinq lieues en pleine mer, où il y a un fort bon château et est assez peuplée ; elle a sept lieues de tour et est si bien défendue par les roches et écueils qui l’environnent, qu’il n’y a qu’une ou deux entrées à garder. Cette ile a été érigée en marquisat dont le marquis de Sourdeac de Rieux en est seigneur, et de six ou sept autres petites qui sont entre celle d’Ouessant et le Conquest ; Les principales sont Balaznec, Molène, Trielien , Quemenez, beniguet et ne sont pas plus d’une demie-lieue distantes les unes des autres.

 

Le Conquest est fort remarquable à cause qu’étant à l’extrémité de la Bretagne, il en fait la pointe. Le port, la rade et l’ancrage y sont très bons et tres célèbres, aussi bien que ceux de St-Mahé, qui est fort proche ; il y a vis-à-vis celui-ci une abbaye de l’ordre de St-Benoist.


Petit caboteur, à voile carrée par Pierre Ozanne
Petit caboteur, à voile carrée par Pierre Ozanne

Notes personnelles sur ce texte :

 

[1] Seuiniens : mot inconnu , peut être senneurs!

 

[2] Tonquedec, étonnant, je ne vois pas de port entre Binic et St-Quay Portrieux qui pourrait porter ce nom.

 

[3] La dite rade de Frenay, aujourd’hui  s’appelle rade de Pomelin et la baie de la Frenaye  se trouve à l’est du cap Fréhel. Est ce une confusion de l’auteur entre les deux baies ou  un ancien nom de la baie de Pomelin ?

 

[4] dans cette description une certaine confusion existe sur la position de l’ile d’ER, elle se situe à l’ouest de l’embouchure de la rivière de Treguier

 

[5] En 1664 l’ile au Moine n’est plus habité Les moines récollet l’ont quitté depuis plusieurs années, l’ile n’est pas fortifiée et la garnison ne s’est pas encore installée, elle devient un repaire pour les corsaires de Jersey et Guernesey.

 

[6] Penoüe , a proximité de Perros ?

D’après la carte hollandaise de 1698 de Van Keulen nous avons dans l’est du bourg de Perros :  Penconec qui correspondrait aujourd’hui à Pont Couennec

 

[7] les plus anciens phares de Bretagne nord, ceux de Frehel et du Stiff à Ouessant sont allumé en 1702. Aucun phare n’existe sur nos côtes à l’époque de cette description

 

Sources :

Le texte original sur gallica la Bibliothèque Nationale en ligne :

« Recherches générales de la Bretagne Gauloise Première partie description du pays de Bretagne »

 

"La France maritime au temps de Louis XIV"

Michel Vergé-Franceschi, Eric Rieth

 

"Anciennes cartes marines de la Bretagne 1580-1800"

Claude Gaudillat


Détail de la carte hollandaise de Gérard Van keulen de 1699, cette carte est remarquablement précise et moderne pour l’époque, la toponymie nautique locale est très bonne.
Détail de la carte hollandaise de Gérard Van keulen de 1699, cette carte est remarquablement précise et moderne pour l’époque, la toponymie nautique locale est très bonne.
Cartouche de la carte de Gérard Van Keulen
Cartouche de la carte de Gérard Van Keulen

Mouillages des Sept Isles en 1778

Quelques décennies avant que les côtes de Bretagne soit hydrographiées de manière rigoureuse sous les ordres de Beautemps Beaupré, des tentatives d’amélioration de la description des côtes ont été menées.

 

Journal de la marine ou bibliothèque raisonnée de la science du navigateur 1778.

Ce journal résolument moderne pour l’époque est issue de l’académie de Marine de Brest.

Des formulaires de questions ont été envoyé aux correspondant locaux , pour mettre à jour les renseignements nautiques. En voici les réponses pour les Sept Iles

Belin 1764
Belin 1764

Mouillage des Sept Isles près Lannion.

 

1.

Il n’y a qu’un mouillage ou petite rade, qui est dans l’E de l’île Bonneau. Elle est située sous la batterie de l’est de l’isle aux Moines (a).

2.

Dans les plus basses marées, il y reste environ trois brasses d’eau.

3.

Le fond est de sable, la tenue y est bonne.

4.

On doit mouiller à trois longueur de câble de l’isle aux moines, dans le sud de deux petits ilots qui sont entre l’isle aux moines et l’isle Bonneau. Cette isle Bonneau est nommée isle Bonne sur plusieurs cartes

5.

L’entrée est très difficile en tout état de la marée, par les roches que l’eau couvre, et le courant qui y est très fort (b).

6.

Les vents à craindre sont ceux depuis l’ouest jusqu’au nord-est, en passant par le sud (c).

7.

Ce mouillage n’est point bon pour les gros vaisseaux ; il ne peut convenir qu’à des barques ou petits corsaires ; c’est plus un endroit de refuge qu’un port.

8.

Il n’y a qu’une seule passe pour y entrer.

9.

Il reste dans cette seule passe trois brasses d’eau, lorsque la mer se retire le plus.

10.

Pour entre surement, il faut gouverner sur la batterie de l’est de l’isle aux moines.

11.

A trois longueurs de câble de cette batterie de l’est, il reste comme on l’a dit, toujours au moins trois brasses d’eau.

12.

Voyer l’article précédent.

13.

Il n’y a point de courant à craindre quand on y est entré.

14.

On n’y fait aucun signaux.

Voyez l’article 11 ci-dessus Pour les articles 16 et 17, voyer ce qui a été imprimé ci devant sur Lannion et sur Penros.

Observations.

Il n’y a ni port ni mouillage dans aucun autre endroit des Sept Isles. Voyez ci-dessous la note (a) relative à l’article premier.

C’est à M. Kerstivien le Bricquir fils, que je dois tout ce que viens de donner sur Lannion ; c’est par erreur que j’ai insinué le contraire dans le cinquième cahier. Je le prie de recevoir ici mes remerciements publics.

 

(a)  Sur le N°49 du petit Atlas maritime, est marqué un mouillage dans l’ouest de l’ile aux Moines, entre cette île et une basse qui, dit on, découvre.

(b)  Les cartes marquent pas trop les dangers dont on parle ici, et s’accordent assez mal entre’elles.

(c)   Suivant les cartes, on ne conçoit pas trop que l’ouest puisse être à craindre dans le mouillage, ni le nord-est

  

Détail du mouillage Carte des Sept Isles de Belin 1764
Détail du mouillage Carte des Sept Isles de Belin 1764

Sur cette carte, à droite est indiqué: "partie de l'isle Melban alors que celà represente la pointe ouest de l'ile Bonneau. Cette erreur n'est pas sur la carte globale des Sept Iles.